Benoit MORELIERE

Après Alexandre Perreau Niel, faisons connaissance avec un second arbitre fédéral bourguignon qui officie comme assistant en ligue 2 : Benoit Morelière.

Outre sa fonction arbitrale, Benoit est un pilier essentiel de l’UNAF régionale.

1- Bonjour Benoit, peux-tu te présenter rapidement ?

Benoît MORELIERE, 39 ans, j'ai deux passions qui prennent une grande part dans ma vie : mon métier d'inspecteur de la DGCCRF (répressions des fraudes) et l'arbitrage.

2- Tu es arbitre assistant en Ligue 2, peux-tu nous rappeler ton parcours ?

J'ai débuté l'arbitrage à l'automne 1994, lorsque mon prof de sport de Lycée m'a incité à aller suivre les cours d'arbitrage au District de football de Côte d'or. J'ai eu mon examen en nombre 1994, supervisé par René BOLLET. Jeune arbitre de District, puis de Ligue, j'ai pu officier dans les compétitions nationales de jeunes qui se mettaient en place à l'époque (CN15 et CN17). Après une série d'accidents en 2000, j'ai intégré la filière "arbitre-assistants" que venait de créer la CRA, sous la houlette de Bernard CARRE. J'ai échoué au 1er examen fédéral d'assistant, organisé en décembre 2003, mais ai réussi à celui de mai 2006. Après une préparation intensive de 18 mois, sous la direction d'un certain Régis C et du jeune Clément T. J'ai arbitré une saison en National (2006-2007), puis trois saisons en Ligue 2, une saison en Ligue 1 (2010-2011) puis six saisons en Ligue 2.  Au total, 360 matches fédéraux officiels, dont 237 matches en Ligue Professionnelle.

3- Quelles sont tes ambitions personnelles cette saison et en général ?

Réaliser les meilleures performances possibles, prendre du plaisir et réussir à maintenir mon rang en Ligue 2 !

4- Comment se passe ton quotidien d’arbitre de haut niveau, pour gérer ton emploi du temps, tes entrainements et tes matchs et ta vie personnelle ?

Cette vie suppose une très bonne organisation, avec un emploi du temps bien précis pour pouvoir y caler tous les impératifs de la semaine. Pour ce qui me concerne, je vais au bureau du lundi au jeudi. Je pars très souvent dès le jeudi soir vers mon lieu de match. Puis, le vendredi est consacré au match qui a lieu généralement le soir à 20h00. Puis, retour le samedi dans la matinée. Le dimanche, c'est "relâche", avec souvent une séance de récupération/oxygénation. En outre, j'arrive à organiser deux séances d'entraînement du lundi au jeudi, si possible avec mes collègues arbitres du centre d'entraînement de Dijon. Mais, ceci n'est pas applicable lorsque je suis désigné sur un match du samedi après-midi, ou du lundi soir. Ou qu'il y a une journée de championnat en semaine, comme cela arrive de temps en temps. Il y a aussi des rassemblements et tests physiques réguliers à Clairefontaine ou à la FFF. Du coup, il peut arriver que je doive différer des visites à la famille un peu éloignée ou à certains amis. Sans compter certains impératifs indispensables de bonne hygiène de vie, avec repos, sommeil, etc...

5- Des personnes ou des souvenirs particuliers ont-ils marqué ta carrière ?

Il y a plusieurs personnes, qui ont marqué ma carrière, qu'il s'agisse de ceux qui m'ont formé à l'arbitrage dès le District ou ensuite en Ligue dans la préparation fédérale. Je leur suis très redevable, autant pour leur patience que pour leur opiniâtreté ! De nombreux arbitres fédéraux m'ont marqué : certains dans l'excellence, d'autres un peu moins. Sinon, les compétitions professionnelles constituent une formidable expérience de vie. Les situations crispantes succèdent aux situations de spectacle et de plaisir, les spectateurs et dirigeants, comme les journalistes, sont avides de buts, de beaux gestes ou encore d'informations. Quelquefois, ça peut même sembler irréel.  De nombreux lieux m'ont marqué, qu'il s'agisse du Parc des Princes, du stade Louis II, mais aussi de plus petits stades où les échanges avec mes collègues désignés ce jour-là ont été vraiment plaisants. J'essaie de ne pas garder en mémoire les mauvais moments, même si certains sont cocasses : à l'occasion d'un match de coupe de France, nous avons reçu des légumes dans le dos et sur la voiture, après avoir décidé de reporter le match, alors que le terrain était gelé et bosselé, donc dangereux. Les dirigeants locaux n'avaient pas apprécié notre décision. Aussi, un match récent en Ligue 2, où les locaux, réputés sanguins, ont été réduits de 11 à 9 à la 66ème minute, par deux exclusions dans le même arrêt de jeu. Les menaces et les intimidations ont duré jusque dans le temps additionnel. Pas facile de terminer le match sereinement. Quelques matches couperets de fin de saison sont l'occasion de scènes de liesse entre une équipe et ses supporters, ou... quelquefois de grand désarroi. Le poids de certaines décisions est quelquefois très, très lourd à porter ! Et surtout lorsque le ralenti, une fois quitté l'aire de jeu, indique que la décision n'est pas la bonne.

6- Tu es un fidèle de notre association, et spécialisé dans le domaine juridique, que représente pour toi cet engagement ?  

Cet engagement à l'UNAF date de près de 20 ans. D'abord, au comité directeur de l'UNAF 21, où j'ai été coopté comme adjoint au représentant des jeunes arbitres, puis titulaire, puis au comité directeur de la section régionale. Mon prédécesseur aux affaires juridiques ayant souhaité passer la main, le président Laurent BOLLET m'a proposé cette mission, cœur historique et originel des missions de l'UNAF, et particulièrement sensible quand un collègue subit un mauvais traitement. Cette mission de chargé des affaires juridiques recouvre des activités épisodiques comme les révisions des statuts et les exclusions de certains adhérents. La charge d'activité la plus importante est constituée de l'assistance aux arbitres agressés dans leur fonction, qu'il s'agisse d'un coup de pied, de poing ou autre. Certaines saisons ont été particulièrement "chargées" et il a fallu expliquer aux instances que les barèmes disciplinaires n'étaient pas assez dissuasifs, pour que certaines sanctions de référence soient doublées. C'est une activité de longue haleine, sorte de marathon juridico-judiciaire où il faut faire preuve d'une grande patience, compte-tenu du délai de traitement par l'institution judiciaire des dossiers en matière pénale, mais aussi très réactif, car certaines décisions ou certaines mesures doivent être prises en 24 ou 48h. C'est pour cela que chaque adhérent à qui une telle mésaventure arrive doit se signaler le plus rapidement possible auprès de son délégué juridique départemental ou son président de SD !

7- Enfin, as-tu autre chose à nous dire ?

Comme je suis un peu bavard, j'aurais encore plein de choses à dire, c'est sûr ! Mais j'aimerais que le message suivant soit entendu par ceux qui lisent cette interview :

« Prenez du plaisir dans l'arbitrage, quel que soit le match que vous faites. N'oubliez pas que cette mission est essentielle, mais gardez toujours à l'esprit que l'humilité indispensable à l'arbitrage sportif n'est pas incompatible avec la fierté de l'exercice ! »

Merci aux unafistes de l'UNAF 71 qui communiquent ainsi vers les adhérents (et les autres !!)