Portrait d'arbitre n°8 : Georges ZENUCH

Bonjour Georges, peux-tu te présenter rapidement ?
J’ai eu 60 ans en mai 2015, contrôleur de gestion depuis 34 ans à Casino dans plusieurs départements (71-10-69-38). Je suis marié et ai 2 filles.

Je suis aussi membre de la CRCC Ligue de Bourgogne depuis 2 années.

Dans quelles conditions es tu venu à l’arbitrage ?
Licencié au FC Blanzy, joueur moyen, mon beau-père, Mr Michaud André, dirigeant de ce club, m’a poussé vers l’arbitrage pour couvrir le club. J’ai couvert plusieurs clubs ensuite sans être un ‘’mercenaire’’, FC Blanzy, FC Autun, US Blanzy, Estac Troyes puis FCMB ou j’ai suivi mon ami Albert Clerc.

Peux-tu nous évoquer ta vie d’arbitre, ton ressenti, les moments agréables ou plus difficiles dans cette fonction. Des évènements que tu as vécu ou des gens que tu as rencontrés ou côtoyés t’ont ils marqué dans ta carrière arbitrale ?
J’ai passé mon examen en 1982 avec Mr De Santi (un brave homme), ma pratique avec Bernard Carré (toujours opérationnel). Je suis resté 2 années en district,… trop court avec du recul… A cette époque, on privilégiait beaucoup la théorie, j’étais à l’aise, et j’ai passé mon examen formé par Jacky Guillot.

J’ai terminé 2ème derrière Lionel Mortreux avec Michel Digiloramodont. Les anciens se souviendront : Le pays minier avait fait fort !

J’ai passé 18 années en ligue, 2 supplémentaires en tant qu’assistant ligue, puis 10 années en district à ce jour, soit environ 1100 à 1200 matches (je ferai le compte bientôt). Au début en district, on tournait à 2 matches hebdomadaires, un centre en lever de rideau puis une touche.

En ligue, une touche le samedi ou un match et un match le dimanche, voire de façon exceptionnelle, il m’est arrivé de tripler dans le WE.

Grande déception : la violence verbale et physique de ce sport médiatisé à tort, la participation des acteurs externes du football hors du terrain qui influe le cours d’un match (soit disant supporter).

J’aurai pu tout abandonner après mon 1er match officiel, agressé par un capitaine (suspendu 3 ans)…puis 2 autres agressions en district entre 1983 et 1985. A l’époque, le règlement, c’était le règlement mais cela n’enlève rien aux agressions. J’étais à l’UNAF, les dossiers ont suivis avec plus ou moins de réussite mais j’ai été soutenu par une personne formidable Mr Jean Clément, président de la CDA, un fervent défenseur du corps arbitral.

Je me rappelle aussi de ce match de Ligue où 22 joueurs en sont venus aux mains à 5 minutes de la fin. J’avais exclu 3 joueurs de suite, mais peut-être un peu trop tard avec du recul, un derby, d’où la nécessité de bien connaître les points clés d’un match…… Je suis ressorti escorté avec 2 voitures de gendarmes, ça fait drôle d’être accompagné.

Il fallait être un peu « drogué ou dopé » pour continuer avec ces échecs………

Mais, je suis toujours sorti la tête haute d’un match.

Il m’est arrivé d’avoir peur sur un stade, mais avec ces expériences douloureuses, j’ai su gérer les violences.

Un jour, un capitaine qui avait taclé sérieusement un joueur au bout de 10 minutes m’a dit « si tu m’expulses, je t’éclate » (terrain au milieu d’une cité dans la Marne). Dans ce cas, ça passe ou ça casse, je l’ai expulsé, le match a été son terme……

Grandes satisfactions :

  • les relations humaines, la découverte des hommes en dehors du terrain et dans la vie de tous les jours. Sans bénévoles sérieux et importants en nombre, il est de nos jours pratiquement impossible de faire fonctionner un club, ils devraient être plus souvent à l’honneur. L’amitié avec mes collègues du Creusot où nous nous entraînions chaque mercredi, chaque dimanche et toutes les vacances, nous étions tous en ligue, inoubliable. Et le repas aux vestiaires avant Noel, ils se reconnaîtront, notre seul dopage annuel. A ce jour, je reçois les arbitres qui officient à Montceau les Mines les samedis soir et cela me permet de côtoyer d’anciennes gloires et de futurs grands arbitres.
  • Au niveau sportif, les finales nationales inter-régions de la Mine sur une journée. Le repas en commun, puis la soirée dansante au CAR avec toutes les composantes du football (joueurs, dirigeants, arbitres, représentants de la ligue). Les arbitres étaient applaudis et récompensés, une première il y a plus de 20 ans ! Une ambiance festive.
  • Les 20 ans du district au CREUSOT devant 6000 personnes GUEUGNON (en D1) contre ZURICH (D1) avec mes amis Albert Clerc au centre et le regretté Joel Brelier, parti trop vite. Et ce but marqué suite à une position de hors-jeu non sanctionable qui m’a valu les félicitations de certains mais pas d’autres…
  • La finale de la coupe de L’aube en 1998 avec un certain Mamadou Niang qui avait 17 ans (hyper cool mais quelle classe). J’aurais pu expulser un joueur adverse qui voulait que je le sorte (une lubie), correct avec moi, je n’ai pas voulu gâcher la finale suivie des prolongations. Ce dernier en fin de match s’est permis de critiquer les officiels ce qui lui a valu une lourde suspension. Dans l’Aube, on ne badinait pas avec les sanctions !
  • Une fierté d’avoir remplacé un grand espoir local Régis Champet en lever de rideau d’un Gueugnon – St Quentin arbitré par Mr Cheron (petit par la taille mais une mobylette sur le terrain). Régis officiait en amical Gueugnon B – Roanne en 3ème division et s’était gravement blessé à une cheville en 2ème mi-temps… J’ai assuré, passé derrière lui, pas facile à l’époque.
  • Avoir assisté à la touche à un match de gala à Montceau les Mines, St Etienne - Dijon, Clément Turpin et Fred Boguet, tous trois du club à l’époque. Une récompense en interne, moi qui ai vu la progression de notre espoir au fil des années, un exemple à suivre.

Enfin tu es adhérent à l’Unaf , que cela représente t’il pour toi ?
J’ai été plus de 20 ans non adhérent, pour des motifs personnels. Je suis revenu par sympathie, cette association humaine et relationnelle doit être basée sur des valeurs : camaraderie, solidarité, amitié, au-delà du domaine juridique (moins on l’utilise, mieux le sport va).

As-tu une dernière chose à nous dire ?
Je pourrais écrire un livre, la vie est passée trop vite. Si c’était à refaire, j’aurais tenté la fédération au détriment de mon travail. Il ne faut pas regarder dans les rétroviseurs mais avancer. Je souhaite bonne chance aux jeunes, persévérance, rien n’est jamais acquis, toujours se remettre en cause, être sérieux sans se prendre au sérieux. Et surtout s’entraîner. Ne compter que sur soi, avoir confiance en soi. L’arbitrage, c’est une passion, on l’a ou on ne l’a pas.

De plus, respecter tous les interlocuteurs sur un terrain, en les saluant, en les reconnaissant, sans arrière-pensée, voir en sympathisant, c’est çale relationnel, c’est tellement stimulant.