Coin Presse : ARBITRAGE ET VIDÉO - Qui est-ce qui commande maintenant ?

Les arbitres de Bourgogne Franche Comté ont invité leurs collègues d’autres sports, déjà connectés, pour évoquer l’usage de la vidéo. Pour une réponse qui va au-delà de la simple acceptation ou du strict refus.

En complément de son Assemblée générale, l’Union des arbitres de foot de Bourgogne Franche Comté s’est interrogée sur l’arrivée de nouvelles technologies dans le sport. Un bien ou un mal ? Sociologue et intervenants d’autres disciplines avancent un avis mitigé. Parce que tout n’est peut-être pas aussi simple.

Longtemps à la traîne, le foot semble donc embrayer. Clément Turpin, l’arbitre Montcellien, sera par exemple 4e arbitre lors de la Coupe des Confédérations de football en Russie, en juin, où l’arbitrage vidéo sera en vigueur. Mais quel bilan peut-on retenir des pratiques déjà en vigueur dans d’autres sports ?

Parce qu’après tout, il n’y a jamais vraiment eu de débat mais plutôt l’affirmation d’une urgence, la perception de ces nouvelles technologies comme une nécessité.

« Sur des décisions binaires, style la balle a, oui ou non, passé la ligne, pourquoi pas, » détaille Jacques Badet, de la commission régionale d’arbitrage. « Mais je reste persuadé que l’arbitre doit rester le personnage central pour interpréter certaines actions. » Parce qu’il y a « une différence fondamentale entre l’humain et le virtuel, » complète le sociologue Roland Salvi pour qui, en fait, on ne fait « que repousser les frontières. Un arbitre, en situation, appréhende un environnement global, vivant. Il apporte l’équité, pas forcément le vrai. »

« L’arbitrage c’est avant tout une question de compétence, de feeling, d’interprétation, » insiste en écho Anibal Castano, l’ex arbitre international de basket. Avant d’autant plus d’acuité que l’exemple du rugby illustre les dérives possibles du tout technologique. « On ne sait pas où ça va s’arrêter. On remonte jusqu’à plus de 70 mètres sur certaines actions, » explique Sébastien Gros, arbitre en Ovalie. Et partisan de quelques nouveautés cependant. « Le micro pour l’arbitre est une bonne chose. Il contribue à canaliser les discours. »

Mais pourquoi aller chercher des moyens techniques ? Parce qu’« on se sentirait parfois mieux, » avoue Jacques Badet.

Reste pourtant qu’il y aura toujours un moment ou « l’arbitre devra gérer la situation après une erreur, » expose Thomas Meunier, en poste à Roland Garros. « C’est une question de ressenti. Et il n’y a pas de recette technique pour ça. »

Le problème n’est donc pas de dire oui ou non à une pratique déjà en place de façon plus ou moins marquée, mais de savoir au service de qui se place ce nouvel outil.

« L’arbitrage vidéo, dans le sport business, est devenu un moment du spectacle avec la multiplication des ralentis, visibles par tous, » relève Castano. Qui invite à une réflexion globale sur l’évolution du jeu. Et ses enjeux. Ce sont par exemple les diffuseurs TV qui ont largement poussé pour l’introduction de la vidéo pour valoriser encore la mise en scène du sport.

Alors, à défaut d’échapper à la vidéo ou aux nouvelles technologies, sport et arbitrage doivent surtout se prémunir pour garder la maîtrise de toute décision.

La vidéo, pourquoi pas, mais pour faire quoi ?