A la rencontre de Jacques Badet, nouveau CTRA secteur Bourgogne

1) Bonjour Jacques, tu viens d'être nommé CTRA secteur Bourgogne de la nouvelle grande Ligue Bourgogne Franche Comté. Dans quelles conditions es-tu venu à prendre cette nouvelle fonction ?

Après de nombreuses années professionnelles passées dans le milieu de la santé et de l’imagerie médicale (plus de 30 ans à Dijon ou à Dole) et plus encore d’années au service de l’arbitrage de football (tant comme arbitre qu’en tant que bénévole de l’arbitrage au sein de commissions régionales et départementales), j’ai décidé de saisir l’opportunité qui se présentait à moi de concilier activité professionnelle et passion en postulant au poste de Conseiller Technique en Arbitrage (CTRA) proposé par la Ligue de Bourgogne de Football. Après étude de ma candidature et un entretien avec le Président Daniel Fonteniaud et Thierry Waniart, j’ai été informé courant août 2016 que le choix se portait sur ma personne. Il m’a fallu prendre le temps d’organiser mon départ de mes anciennes fonctions et c’est avec plaisir que j’ai pris mon poste mi-décembre 2016.

2) Quel sera donc ton rôle et quelles missions tu vas donc remplir auprès de nos arbitres bourguignons et de la base, bien entendu ?

Comme tout CTRA, mon rôle consistera à œuvrer au développement de l’arbitrage au niveau régional par la mise en place ou la participation à des actions de sensibilisation, de recrutement, de formation et de fidélisation à la fonction d’arbitre. Aux côté de Clément TURPIN et de Christophe ADAM (les deux autres CTRA de la Ligue Bourgogne Franche Comté de Football) je vais m’inscrire dans une équipe technique régionale de l’arbitrage dont la mission est d’offrir un support technique à la CRA et aux différentes CDA. Le football, donc l’arbitrage également, s’appuient sur le dévouement indispensable de nombreux bénévoles. Notre rôle est de répondre à leurs demandes, de les accompagner dans leurs projets et d’impulser une dynamique à la fois d’exigence mais aussi de reconnaissance de cette belle fonction d’arbitre, parfois difficile mais toujours passionnante et indispensable au bon déroulement de nos compétitions.

3) Avant de devenir CTRA, tu as été arbitre de haut niveau issu du Pays Minier, peux-tu nous rappeler ton parcours ? Et quelles sont encore tes attaches avec notre secteur ?

Après 6 années comme jeune joueur licencié au FC Gueugnon, j’ai commencé l’arbitrage en 1982 au sein du District du Pays Minier et j’ai signé ma première licence d’arbitre dans le petit club de Perrecy les Forges. Après 4 années d’apprentissage en district, j’ai réussi mon examen de ligue en 1986. Pour des raisons professionnelles, j’ai dû quitter la Saône et Loire et ai rejoint le District de Côte d’Or où j’ai signé pour le club de l’ASPTT Dijon où je suis resté jusqu’en 1994. D’abord arbitre de ligue, j’ai réussi l’examen fédéral en 1991. En 1994, de retour en Saône et Loire au district du Pays Saônois, j’ai signé au club de Chatenoy le Royal où je suis resté jusqu’à la fin de ma carrière en 2008.
J’ai eu la chance d’officier pendant presque 27 années sur les terrains dont 15 années à la fédération et j’ai eu le bonheur de siffler sur les terrains de D2 professionnelle (ex-Ligue 2 d’aujourd’hui) pendant 2 saisons de 1999 à 2001. Jamais assez quand on est un compétiteur (la D1 n’était pas loin)! Mais objectif pour lequel j’aurai signé des deux mains si on me l’avait promis quand j’étais un tout jeune arbitre en 1982. Pas de regrets ; que du plaisir et de la fierté d’avoir fait de mon mieux.
Depuis ma fin de carrière, je suis resté actif au sein de la CDA 71 PS comme responsable du pôle formation ainsi qu’au sein de la CRA de la Ligue.

4) Dans une carrière déjà bien remplie, as-tu des moments particuliers ou des Hommes qui ont marqué ton parcours ?

Des rencontres j’en ai fait beaucoup et c’est ce que je retiendrai en premier lieu de toutes ces années d’arbitrage. Je ne voudrai oublier personne mais la liste est trop longue. Certaines personnes ont compté pour moi. En premier lieu mon père, ancien joueur au FC Gueugnon, qui m’a donné l’amour du sport et principalement du football. Plus tard, les dirigeants de mon premier club d’arbitre, le FC Perrecy Les Forges, qui m’ont donné le déclic et ont accompagné mes premiers pas inexpérimentés de jeune arbitre. Ensuite, mon premier président de CDA, Jean Clément, qui nous disait qu’un arbitre « ne doit pas être prétentieux mais doit avoir de l’ambition. Celle de travailler (théorie, physique, technique) pour s’améliorer et essayer d’atteindre le niveau « juste » supérieur ». Ensuite, Bernard CARRE, président de CRA qui a accompagné mes premiers pas de fédéral et qui m’a donné la chance de participer aux côtés de Régis CHAMPET à la mise en place de formations à l’attention de nos futurs candidats fédéraux. Enfin, il y a eu toutes ces belles rencontres humaines et d’amitié avec des collègues arbitres qui permettent d’avancer et de relativiser l’importance d’une décision malheureuse, d’une prestation « moyenne » ou d’une « gloire » de circonstance. Un arbitre se doit d’avoir des rêves mais en gardant les pieds sur terre !

5) Tu es aussi depuis cette saison contrôleur Fédéral en CFA, que représente pour toi cette fonction, et quelles en sont les obligations ?

Cette fonction est avant tout à mes yeux une véritable fonction de formateur. Notre rôle est de détecter chez les arbitres observés les points forts, les qualités et les points à améliorer. Comme tout observateur, à tous les niveaux de l’arbitrage, nous devons arriver avant l’heure de la rencontre pour saluer les arbitres sans perturber leur préparation. Et dès cet instant commence notre évaluation où la recherche de la personnalité et du potentiel pour les niveaux supérieurs de la fédération est notre principal objectif. En fin de match, nous devons débriefer l’arbitre sur sa prestation et adresser sous 72h un rapport à la DTA et classer les arbitres selon leur évaluation : ce qui déterminera leur classement et l’évolution de leur carrière en fédération. Les exigences du niveau fédéral sont fortes pour nos arbitres et leur réussite dépend de nos observations : une responsabilité qui demande aux observateurs du sérieux et de l’objectivité. Nous devons donc être « au clair » avec les évolutions des lois du jeu, être en phase avec les directives fédérales et ce qui est attendu des arbitres de ce niveau. Pour ce faire, la DTA nous convoque, deux fois par saison à des stages de formation où nous sommes amenés à travailler sur différentes thématiques (test vidéo, rapport d’une rencontre, analyse de situations de matchs…).

6) Enfin, tu as toujours été un fidèle de notre association, que représente-t-elle pour toi ?

Dès ma première licence d’arbitre, j’ai adhéré à l’UNAF pour son côté convivial, « amicale ». Plus tard, je suis devenu président de l’UNAF 21 pour entretenir cet esprit d’amitié et de solidarité qui doit guider cette association. Depuis, il ne m’est jamais venu à l’esprit de ne pas adhérer car je pense que le nombre fait la représentativité et que l’association est le ciment de cette grande famille qu’est l’arbitrage. Comme dans toutes les familles, il y a parfois des désaccords mais qui doivent savoir s’effacer dans l’intérêt commun. Adhérer c’est accepter de faire partie de cette union mais c’est surtout entretenir une image positive de l’arbitrage au-delà des terrains et des passions des matches. « Arbitrer est une fonction solitaire mais qui se construit au sein d’une équipe beaucoup plus vaste que le simple trio du jour de match ! ».

7) Autre chose à nous dire ?

Je voudrai conclure en rappelant que l’arbitrage est et doit rester avant tout une passion. Sans elle, inutile d’avoir un plan de carrière ! Il serait voué à l’échec. Avant tout il faut aimer ce jeu magnifique qu’est le football. Ensuite, il faut aimer ce sport particulier qu’est l’arbitrage. Et surtout ne pas perdre de vue que tout cela n’est qu’un jeu ou un sport et que seul le plaisir qu’ils nous apportent doit guider nos ambitions.