1- Bonjour Karim, tu viens d’être nommé arbitre Fédéral 1 à moins de 28 ans en juin dernier, peux-tu te présenter rapidement ?
 
Donc, Karim Abed, j'ai 28 ans et habite à Marseille....... toujours célibataire..... un cœur à prendre (rires ...). Je suis arbitre élite depuis le 1er juillet 2016 et officie donc régulièrement en Ligue 1 et Ligue 2.
 
2- Si on ne se trompe pas, tu étais encore arbitre en ligue de méditerranée il y a 4 ans, comment expliques-tu cette ascension fulgurante ?
 
C’est une excellente question ! 
Quand je regarde dans le rétroviseur parfois j'ai du mal à me l'expliquer moi-même ..... Un véritable conte de fée ! Effectivement, il y a encore quatre ans, j'officiais comme arbitre central en Honneur en ligue de Méditerranée.  
Alors présenté comme candidat au titre d’arbitre fédéral 4, je dirais que je suis tout simplement arrivé au bon endroit au bon moment ! La direction technique de l'arbitrage venait de mettre en place une politique de détection de jeunes talents et tout s'est donc très vite enchaîné pour moi. 
Major des candidats Fédéraux, j'ai pu très rapidement monter en national car des passerelles permettent aux arbitres détectés comme talents de pouvoir monter à l'échelon supérieur en cours de saison. Rapidement, j' ai officié en Ligue 2 une saison, puis ai été promu, étant major, en ligue 1 en juillet 2016. Là encore, je suis arrivé au bon endroit au bon moment puisque s'est créé le corps des arbitres élite que j'ai donc intégré au 1er juillet 2016! 
 
3- Comment peut-on, alors qu’on n’est pas encore très expérimenté appréhender ce bond dans le monde de la Ligue 1 ?
 
Je n’ai pas particulièrement appréhendé cette arrivée dans le monde de la Ligue 1 car depuis une saison en ligue 2, je m'étais déjà imprégné du monde professionnel et de la Ligue 1 comme quatrième arbitre avec des collègues très expérimentés. 
Donc, côtoyer un match de Ligue 1 avec toute la médiatisation qui l’entoure n'a pas été l’élément le plus difficile à appréhender.
D'autre part, je côtoyais les arbitres de très haut niveau lors des stages à Clairefontaine et notre direction technique a déjà mis en œuvre beaucoup de moyens qui nous permettent de pouvoir aussi travailler tous ces aspects relationnels ou qui peuvent toucher au domaine de l’émotion. 
 
4- Quelle sont selon toi tes forces et bien entendu tes faiblesses, les points sur lesquels tu dois progresser ?
 
En ce qui concerne mes points forts, je mettrai peut-être en avance mes qualités physiques. Je pense avoir un sens du contact assez aiguisé donc ce qui facilite mon adaptation. Certainement aussi que l'ensemble des gens qui ont pu m’observer ont certainement remarqué une certaine qualité dans la justesse de mes décisions arbitrales.
Et puis, l’expérience d’un arbitrage puisé en ligue de méditerranée qui permet certainement de construire sa personnalité avec des matchs et des contextes parfois difficiles. 
Par contre, j'ai encore tellement et beaucoup à apprendre mais l'arbitrage est un domaine où on peut s'améliorer à chaque match et où on doit toujours se remettre en question. Mon principal défaut est peut-être que je suis trop perfectionniste et cherche toujours à trop bien faire alors que parfois les idées les plus simples sont souvent les meilleures.
Il va falloir que j'apprenne, mais cela va aussi avec l'expérience à rester plus naturel et parfois  arbitrer peut-être plus dans l'instinct que dans la recherche de la perfection à tout prix. 
 
5- Tu fais partie du groupe des arbitres Elite, comment se passe donc cette nouvelle vie ?
 
Comme je le disais, mon arrivée en Ligue 1 s'est faite conjointement avec mon intégration dans le corps des arbitres élite. L'arbitrage est devenu plus qu'une passion puisque maintenant, je suis quasiment un arbitre professionnel. 
Entre les matchs, les voyages, la préparation physique, la préparation mentale et les rassemblements à Clairefontaine,  j'ai une vie excessivement remplie mais ô combien passionnante. 
Lors de nos rassemblements à Clairefontaine, nous avons une préparation intensive tant sur le plan physique, managérial, technique, et émotionnel. Une semaine sur 2, on se retrouve tous ensemble pour décortiquer les matchs passés, se préparer, échanger. On analyse nos erreurs et nos bonnes décisions afin d’en tirer profit pour les matchs qui suivent. Et c’est depuis ce lieu que l’on se quitte tous pour partir vers le match qui suit.
L’intégration en ligue 1  a été merveilleuse avec des collègues attentifs et précieux en conseils et expérience. On est souvent seuls pour prendre nos décisions mais nous formons en dehors des matchs une famille unie et soudée, très chaleureuse et se retrouver chaque quinzaine est un véritable bonheur. La compétition, qui nous anime ne se trouve pas entre nous mais dans le plaisir de la réussite de chacun.
 
6- Enfin as-tu autre chose à nous dire ?
 
Très heureux de participer à cet échange et un grand coup de chapeau à tous mes collègues de la base.