1ère expérience Vidéo lors du match Italie - France

Le football ne voulait pas entendre parler de technologie durant ses matchs, car seul l'homme, l'arbitre, devait être l'unique personne à pouvoir prendre une décision sans jamais être remise en question. Jeudi 1er septembre, une page a été tournée avec le match Italie-France, sous surveillance vidéo.

Italie-France, un match qui restera dans l’histoire du monde du football. Le résultat fut anecdotique, même si on retiendra que les Français l’ont emporté sur le score de 3-1 à Bari, sur le sol transalpin. Le plus important était ailleurs, en dehors du stade, dans un van où on retrouve les « VAR » (Video Assistant Referees), les assistants vidéo de l’arbitre.

La rencontre entre les deux pays latins devait faire l’objet d’un test comme cela a déjà été fait lors d’autres compétitions, c'est-à-dire sans communication entre l'arbitre central et les assistants vidéo. Sauf que l’arbitre néerlandais Björn Kuipers ne l’a pas entendu de cette oreille…

Test « off-line » devenu « on-line »

Björn Kuipers, qui dirigeait le match, était relié par oreillette avec les VAR et a même pu échanger avec eux.

Le président de la FIFA, Gianni Infantino, s’est d’ailleurs félicité de cette première « vraie » rencontre sous un arbitrage vidéo, ce vendredi 2 septembre en conférence de presse : « L'expérience a été très positive. Il faut aider les arbitres sans dénaturer le jeu mais en 2016, on ne peut pas permettre que tout le monde voit une chose importante et pas l'arbitre », a-t-il déclaré.

« Si on n'essaye pas, on ne peut pas savoir si ça marche », a ajouté le président de la FIFA qui, contrairement à son ancien supérieur à l'UEFA, le Français Michel Platini, n'a jamais caché qu'il était favorable à cette évolution dans le football moderne.

Des décisions erronées ?

Concrètement, les rencontres qui bénéficient de ces tests concentrent leurs efforts sur quatre cas spécifiques : but marqué, carton rouge, pénalty, erreur sur une identité.

Lors du match entre les Italiens et les Français à Bari, le « VAR » est intervenu à seulement deux reprises.

« A la 4e minute, il y a faute de Sidibé (France) sur De Rossi (Italie) », raconte Björn Kuipers. « J'avais un doute entre jaune et rouge. Le VAR a été très utile et m'a donné l'information en neuf ou dix secondes. Le jaune suffisait. Chiellini (Italie) me disait 'c'est rouge, c'est rouge !', mais je lui ai dit 'non, c'est jaune' et c'était fini. »

Dans des cas comme celui-ci, il est d’ailleurs très simple de demander l’assistance vidéo, car le joueur touché est en train de se faire soigner quand la décision tombe.

Quant à la deuxième utilisation de l’arbitrage vidéo, elle intervient quand les Italiens réclament une main du latéral-gauche français Layvin Kurzawa dans la surface, toutefois on notera que le jeu se poursuit jusqu'à ce que le ballon sorte en touche.

« Le VAR m'a dit 'Björn, ne fais pas reprendre le jeu'. Il a vérifié, ça a pris sept ou huit secondes et il m'a dit 'on joue'. Les Italiens m'ont demandé si j'avais vérifié. J'ai dit 'oui' », raconte l'arbitre néerlandais de la rencontre.

La Coupe du monde en ligne de mire

Un match amical, c’est assez particulier, il n’y a que très rarement des décisions très discutées par les joueurs. Les tests concrets se réaliseront sur des matchs à enjeux où l’arbitre aura une tout autre pression de la part des acteurs d’une rencontre.

Pourtant l’objectif du président de la FIFA, Gianni Infantino, est d’implanter le système, s’il fonctionne, dès la coupe du monde 2018 en Russie : « Si ça marche, alors bien sûr que tout le monde du football sera heureux d'avoir ce système pour aider les arbitres lors du plus grand tournoi du monde. Ce sera toujours l'arbitre qui décidera et cela doit rester ainsi. Les arbitres additionnels aident, la Goal Line Technology aide. Et Le VAR aidera, on l'espère. »

Et les arbitres dans tout ça ?

Durant des années, les hauts responsables de la FIFA nous ont expliqué que l’arbitre faisait partie du jeu et que l’erreur était humaine. En somme nous n’avons pas besoin de l’arbitrage-vidéo, pourtant il arrive en position de force depuis la nomination de Gianni Infantino à la tête de la FIFA. Plusieurs compétitions, en Allemagne et au Portugal, pour ne citer que quelques pays, ont déjà pu tester cette « nouvelle technologie », cette nouvelle façon d’arbitrer mais il n’y eut à aucun moment un lien entre l’arbitre central et le « VAR ».

On a effectivement passé un palier avec la rencontre entre l’Italie et la France, mais il faudra que les arbitres ne perdent pas de vue leurs responsabilités comme le précise Massimo Busacca, responsable de l'arbitrage à la FIFA : « L'arbitre doit garder son instinct. Il ne doit pas se dire 'si j'ai un doute, quelqu'un décidera pour moi'. C'est ça le risque. Quelqu'un intervient s'il y a erreur, c'est tout et c'est fondamental. »

Une affaire à suivre dans les prochains mois car si la FIFA veut être opérationnelle pour la coupe du monde, il faudra avancer rapidement, car on est déjà à moins de deux ans du début de l’épreuve sur le sol russe.