Rugby : la France "championne du monde" de l'arbitrage

Avec trois arbitres centraux et un assistant retenus, la France est pour la première fois le pays le mieux représenté au sifflet pendant un Mondial. Pourquoi la France est-elle championne du monde de l'arbitrage ? Les réponses de MYTF1News.

Être désigné parmi les arbitres pour une Coupe du monde, cela se mérite. Sur les 19 officiels désignés par le World Rugby, l'organe suprême, quatre d'entre eux représentent notre pays cette année en Angleterre. Il s'agit de Mathieu Reynal, Pascal Gaüzère, Jérôme Garcès et Romain Poite.

"C'est une reconnaissance que nous avions jamais connue jusqu'à présent. Nous n'étions pas reconnus à notre juste valeur. Il y avait un sentiment de frustration, à tort ou à raison", confie à MYTF1News le président de la Commission centrale des arbitres, Didier Mené. Il n'en attendait d'ailleurs pas tant : "On n'en avait jamais eu plus de deux. On en espérait trois, finalement on en a quatre. Tant mieux", ajoute le patron des arbitres français, plus que satisfait.

"Très justes dans leurs décisions"

Si Romain Poite avait déjà officié lors de quatre matches de poule à la Coupe du monde 2011, les premières rencontres de cette 8e édition ont notamment permis à Pascal Gaüzère et Jérôme Garcès (qui a déjà arbitré sur Afrique du Sud-Japon) de se jeter dans le grand bain du rugby mondial. Sylvain Marconnet, ancien pilier du XV de France et consultant pour TF1 pendant toute la compétition, ne doute pas de leurs qualités à se fondre dans le moule. "Ils sont expérimentés, très justes dans leur décision, font preuve de beaucoup d'humilité et communiquent beaucoup avec les joueurs. Ils ont également une bonne connaissance du jeu. J'aime d'ailleurs beaucoup leur manière de le conduire", explique-t-il à MYTF1News.

Détection et suivi, clés d'une réussite

Cette "reconnaissance", dont on se félicite à la Fédération française de rugby, n'est évidemment pas le fruit du hasard. C'est le résultat d'un travail de longue haleine mené en amont. Depuis une quinzaine d'années, la France a ainsi perfectionné son système de détection. "Chaque match, à partir de la Fédérale 3, est supervisé", rappelle Didier Mené. Un suivi qui va crescendo en montant dans les divisions. L'objectif : détecter les espoirs nationaux en quadrillant l'ensemble de l'Hexagone.

Une fois dans la boucle, la FFR leur propose un contrat sur mesure. En 2015, sur 15 arbitres, quatre d'entre eux disposent ainsi du statut professionnel. En d'autres mots, ils "vivent rugby" du matin au soir. Cinq autres sont semi-pros tandis que les six derniers, à leur demande et pour plusieurs raisons, demeurent amateurs.

"Notre statut préféré, c'est le semi-professionnel. On ne veut pas qu'il ait une dépendance financière à l'arbitrage", reconnaît Didier Mené. Interrogé par MYTF1News, Romain Poite, qui a lancé son Mondial dimanche dernier avec Pays de Galles-Uruguay (et qui sera assistant pour le choc Angleterre-Pays de Galles samedi), appuie la réussite de ce système. "C'est la reconnaissance du travail accompli depuis de nombreuses années, avec les outils que la Fédération a mis en place pour nous emmener jusque-là", soutient-il.

Laporte "content"

Un constat partagé par Bernard Laporte, ancien sélectionneur du XV de France (1999-2007), aujourd'hui manager de Toulon et consultant pour TF1. Bien que souvent en conflit avec l'arbitrage, il avoue cependant être "content" de voir des Français au sifflet en Angleterre. "Quand ça va, je le dis. Quand cela ne va pas, je le dis aussi", nous raconte-t-il. "En dix ans, l'arbitrage a beaucoup évolué. C'est bien d'avoir cette reconnaissance".

Néanmoins, les arbitres français, comme leurs homologues étrangers, restent des cibles faciles. D'autant plus pendant un événement d'une telle ampleur. "La critique, c'est un sport national. On n'attend rien de ce point de vue", avoue Didier Mené. Le président de la Commission centrale des arbitres n'a donc qu'une idée en tête pour la suite : "continuer à travailler dur". Car, pour aller au Japon dans quatre ans, il faudra repartir de zéro. "Et les autres pays seront revanchards"...