Clem d'oeil n°4 : La relation avec les arbitres assistants

Bonjour Clément, aujourd’hui nous allons parler de la relation nécessaire entre l’arbitre central et ses assistants :

  1. Tes arbitres assistants sont-ils toujours les mêmes et sinon qui décide de leurs désignations ? Comment se gère alors vos déplacements ?

    Oui. Cela fait 4 saisons que j'arbitre avec Nicolas DANOS et depuis une saison Frédéric CANO nous a rejoints pour compléter l'équipe. En réalité, le fait de créer une équipe à 2 ou à 3, relève d'un choix d'abord de ou des arbitres concernés qui décident de faire un bout de chemin ensemble, puis de la Direction Technique de l'Arbitrage qui valide ce choix.
    Concernant les déplacements, rien de spécial. Nicolas habite dans la région Toulousaine, Frédéric du côté de Limoges donc la plupart du temps on se retrouve la veille au soir pour dîner. Ça permet de discuter tranquillement et faire le point de la semaine qui vient de s'écouler.

  2. Quelles qualités recherches-tu en priorité chez tes arbitres assistants ? Et dans quels domaines es-tu le plus exigeant ?

    Quand on décide de constituer un duo ou un trio il faut être conscient que l'on va passer beaucoup de temps avec nos collègues : 2 jours et demi par semaine voir 5 ou 6 si deux matches sont programmés. Il est important qu'humainement on partage des valeurs communes.
    Nicolas et Frédéric en plus d'être des assistants de très haut niveau sont vraiment des mecs bien qui partagent avec moi une idée commune de l'arbitrage. C'est pour moi l'élément majeur que je recherche : "partager la même philosophie de jeu et d'arbitrage". Je n'ai pas besoin d'être exigeant, ils le sont autant que moi ! Frédéric et Nicolas sont des habitués des matches de haut niveau et on n’arrive pas là si l’on n’est pas exigeant au quotidien. On échange beaucoup, on s'envoie de nombreuses situations de jeu afin d'anticiper au maximum.

  3. Lors de tes consignes d’avant match, insistes-tu sur des points différents en fonction du contexte, comme un entraîneur adapte son jeu à l’adversaire ?

    Bien sûr. Notre briefing est d'abord un lieu d'échanges où chacun intervient à sa guise pour faire passer un ressenti, une impression.
    Néanmoins, il s'articule autour de 3 axes :

    • Point sur notre ou nos deux dernières rencontres sur ce qui a bien fonctionné et ce que nous devons optimiser ;
    • Présentation du contexte de la rencontre
    • Rappel de notre "griffe" arbitrale, nos 3 principes techniques qui nous guident depuis quelques saisons.
  4. Si manifestement tu te rends compte que la collaboration a parfois hésité ou failli lors de la première période, ou si tout se passe bien, évoques-tu cela lors du repos à la mi-temps ?

    La mi-temps est un moment crucial. Certes, il permet premièrement de se reposer mais c'est aussi le moment de faire un point sur ce qu'il s'est passé, de réajuster quelques éléments si besoin et enfin de préparer tactiquement le début de seconde période. C'est un vrai moment actif et stratégique. Si on doit se dire des choses, alors croyez-moi on se le dit ! J'aime bien ce moment car souvent les discours sont vrais, puissants et percutants.

  5. Fais-tu un débriefing avec tes assistants après la rencontre de façon systématique ou évoques-tu que les points qui ont pu paraitre très positifs ou délicats ? Et comment peut-on réagir lorsque l’un de ses assistants a pris une part prépondérante lors d’une bonne décision ou l’inverse influant le score du match ?

    Tous les trois nous revisionnons le match dans la semaine à froid. On fait le point sur ce qui a bien fonctionné ainsi que sur ce qui aurait pu être fait différemment. Ce travail d'analyse est indispensable. C'est un passage obligé si l'on veut progresser.

  6. Enfin, hors du match cela doit être aussi une grande complicité avec des Hommes qui parfois te voient plus que ta famille dans certaines périodes ?

    Au-delà de la performance de terrain qui se voit forcément optimiser par le travail à deux ou à trois puisque les automatismes se créent, c'est aussi et surtout des aventures humaines que l'on va vivre. Effectivement, certaines semaines on passe plus de temps entre nous qu'avec nos familles. Il est vital que les trois personnalités puissent s'épanouir ensemble. Faire que chacun puisse se laisser vivre naturellement le tout dans un cadre partagé par tous. Là, est tout l'enjeu finalement, d'une équipe.